Les négociations à l’ONU sur le climat reprennent, le mouvement citoyen mondial contre les énergies fossiles s’affirme

Après la COP21, les citoyens continuent de faire entendre leur voix contre l’utilisation des énergies fossiles, principales responsables des émissions de gaz à effet de serre.

Climate Justice

Alors que les négociations reprennent à l’ONU sur la traduction en actes de l’accord de Paris sur le climat, le message envoyé par la société civile est clair : tous les gouvernements doivent être cohérents avec cet accord mondial. Ils doivent organiser sans plus attendre leur sortie des énergies fossiles d’ici à 2050 (charbon, pétrole, gaz), en les remplaçant par des énergies renouvelables et en économisant l’énergie à tous les niveaux.

À l’occasion de l’évènement « BREAK FREE from fossil fuels » (« libérons nous des fossiles »), organisé du 9 au 16 mai 2016, partout dans le monde, des citoyens ont manifesté leur opposition à l’utilisation des énergies fossiles telles que le charbon, le pétrole et le gaz. Ces énergies constituent toujours 80% de l’énergie que nous consommons dans le monde et sont les principales responsables des émissions de gaz à effet de serre, qui causent les changements climatiques. Si le monde veut tenir l’objectif conclu à la COP21 de limiter le réchauffement planétaire bien en deçà de 2°C voire de 1,5°C, 80% des réserves énergétiques fossiles doivent rester intouchées dans les sous-sols. En Allemagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et ailleurs, plus de 30 000 citoyens ont ainsi utilisé la désobéissance civile pour bloquer la production de charbon dans les mines, l’approvisionnement des centrales thermiques, le stockage du gaz, etc.

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Si l’on ne réduit pas rapidement la production et la consommation d’énergie fossiles, jusqu’à ne plus en consommer du tout en 2050, les objectifs conclus par les 195 pays à la COP21 deviendront tout simplement inatteignables. Dans ce contexte, et d’après les études scientifiques, l’Europe devrait se libérer du charbon, la forme d’énergie la plus émettrice de gaz à effet de serre, d’ici à 2030, afin de tenir les objectifs de la COP21. Il faut aussi que chaque pays assume ses responsabilités et planifie sa transition énergétique, afin de remplacer le pétrole et le gaz par des énergies renouvelables (comme le solaire, l’éolien, le biogaz etc.), tout en opérant des économies d’énergies à tous les niveaux.

La réunion de Bonn doit permettre de passer des grands principes contenus dans l’accord, à l’action.

Alors que la première réunion de l’ONU depuis la COP21 commence au siège de la Convention sur le climat à Bonn, en Allemagne, il est absolument essentiel que les 195 pays confirment leur engagement auprès de la communauté internationale à appliquer l’accord de Paris sur le climat. Cela passe par l’annonce de plans nationaux plus ambitieux, puisque les engagements déjà annoncés par les pays nous mènent pour l’instant à un réchauffement situé entre 2,7°C et 3,7°C, loin de l’objectif de moins de 2°C décidé à la COP21. Il faudra aussi que tous les pays commencent dès maintenant à élaborer et mettre en œuvre des plans nationaux de transition énergétique qui leur permettront d’organiser la sortie des énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables.

Enfin, la question financière est essentielle : sans financements publics durables de la part des pays riches, les pays les plus fragiles et les plus pauvres ne pourront pas se protéger contre les impacts dévastateurs des changements climatiques, qu’ils subissent déjà de plein fouet. Ces impacts ne se sont pas arrêtés à la COP21… Chaque jour amène son lot de nouvelles conséquences dramatiques du dérèglement climatique : sécheresses prolongées qui causent famines et déplacements de populations, disparition des petites îles du Pacifique, érosion côtière forçant les gens à quitter leurs terres, pluies diluviennes, glissements de terrain, etc.

La mobilisation de flux financiers publics et privés, des pays riches vers les pays pauvres, est aussi essentielle pour que les pays les plus pauvres puissent respecter leurs engagements climatiques de la COP21 et accéder directement aux énergies propres et renouvelables. Sans quoi, ils risqueraient d’accroître la dépendance aux énergies sales, qui causent le changement climatique et affectent durablement la santé des populations.

Les 195 pays, dont 177 ont déjà formellement signé l’accord de Paris à New York le 22 avril, devront donc traiter ces questions essentielles lors de leur réunion sous l’égide de l’ONU à Bonn. La réunion de Bonn doit permettre de passer des grands principes contenus dans l’accord, à l’action. Sans concrétisation rapide de l’accord mondial sur le terrain, ce texte – et les objectifs ambitieux qu’il contient – perdra toute crédibilité.

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