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Climat : Emmanuel Macron champion du bla bla

La France a donc décidé d’amoindrir ses objectifs climatiques jusqu’à la fin du mandat d’Emmanuel Macron, soit de ralentir, quand le GIEC nous demande d’accélérer.

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Quand Emmanuel Macron a été élu, il a nommé une personnalité emblématique du combat écologique au Ministère de la transition écologique et solidaire. Quand Donald Trump a annoncé sortir de l’Accord de Paris, le Président français a contre-attaqué sur le champ, avec “Make our Planet Great Again”, un slogan. Quand il a fallu faire preuve d’une peu d’action sur la scène internationale, il a monté une estrade pour le secteur privé : le One Planet Summit, et réussi un temps à se faire passer pour le “Champion de la Terre”, dans un contexte géopolitique difficile pour l’agenda climatique.

Hélas, la réalité a rapidement refait surface. La démission de Nicolas Hulot a montré que derrière l’affichage, les politiques publiques n’étaient pas au rendez-vous. Plus que cela : que la volonté politique pour une action climatique était introuvable tant du côté de Matignon que de l’Elysée. Preuve par les chiffres : les émissions de GES retournent à la hausse en France depuis deux ans. Ni le projet de loi alimentation, ni le projet de loi mobilité ne font de la lutte contre le changement climatique leur priorité, alors que transports et agriculture sont les deux secteurs les plus émetteurs en France. La France a donc décidé d’amoindrir ses objectifs climatiques jusqu’à la fin du mandat d’Emmanuel Macron, soit de ralentir quand le GIEC nous demande d’accélérer.

Quant à la Programmation pluriannuelle de l’énergie dévoilée juste avant la COP, elle reporte l’objectif de réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique de 10 ans au moins, entravant ainsi le développement des énergies renouvelables, sur laquelle la France est pourtant largement en retard. Résultat : les Allemands, peu friands de l’électricité nucléaire française, hésitent à sortir du charbon de leur côté, car ils ne veulent pas vendre leur marché intérieur à EDF. Situation d’impasse dans le dialogue franco-allemand, qui bloque la relève de l’ambition européenne, restée bloquée à son niveau de 2014, soit avant l’Accord de Paris et le rapport 1,5 du GIEC.

Pire, le gouvernement a récemment reculé sur la taxe carbone affectée aux carburants, au lieu de mettre en place une justice fiscale qui aurait permis de la rendre acceptable. Car comment accepter une hausse sur le carburant des voitures quand dans le même temps le kérosène des avions est exonéré ? En parallèle, le gouvernement s’oppose à la fin de l’exemption fiscale sur les carburants à base d’huile de palme, pour ne pas pénaliser les projets de raffinerie géante de Total à la Mède. Où donc est la logique de cette “fiscalité écologique” ?

Transition juste et cohérence fiscale auraient permis au gouvernement de mener une action climatique à la hauteur de l’urgence, au lieu de se contenter de slogans faciles. Mais ce gouvernement préfère satisfaire aux intérêts particuliers des grands industriels et à leurs lobbies plutôt qu’à l’intérêt général.

La France présente un déficit de crédibilité dans les négociations climatiques qui se déroulent en Pologne pour la COP24. L’ère des beaux discours est révolue : la crédibilité de l’agenda climatique international dépend désormais des actes. Et sur ce plan, la France accroît son retard, se plaçant du côté des problèmes plutôt que des solutions.

Emmanuel Macron fait partie de la dernière génération de leaders politiques en position de porter un coup d’arrêt au changement climatique. Il en va donc de sa responsabilité politique, comme de sa responsabilité morale.

Article rédigé par Clément Sénéchal, chargé de campagne climat à Greenpeace France

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