Budget 2026 : Carton rouge pour la transition écologique
À l’occasion de la publication du Projet de loi de Finances 2026, le Réseau Action Climat fait le point sur l’avancement de ses propositions prioritaires, qui combinent justice sociale, efficacité climatique et responsabilité budgétaire.

Le Réseau Action Climat déplore l’absence de la plupart de ses propositions prioritaires du projet de loi de finances (PLF) 2026, et la reprise très partielle des autres. Alors que les émissions de gaz à effet de serre stagnent depuis le début de l’année, ce texte est très loin d’être à la hauteur des objectifs de la planification écologique. Le débat parlementaire sera crucial pour renforcer les mesures en faveur d’une transition écologique et juste, largement soutenue par les Françaises et les Français. Par ailleurs, plusieurs signaux inquiétants apparaissent, comme la baisse du Fonds vert et la hausse de la fiscalité sur le solaire, qui fragilisent également les objectifs climatiques de la France.
Redéploiement des subventions néfastes au climat et à la biodiversité
Notre proposition : réorienter les 37 milliards d’euros de dépenses publiques néfastes identifiées par l’Inspection générale des finances et l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable, en priorité celles liées à l’artificialisation (2 à 5 milliards € mobilisables rapidement).
Version initiale PLF 2026 : réduction de certains avantages fiscaux sur les carburants (B100 et E85) premier pas timide, mais insuffisant au regard de l’ampleur du sujet.
Reste à faire : cibler explicitement les soutiens à l’artificialisation et établir un plan de redéploiement chiffré.
Suppression des niches fiscales aériennes
Notre proposition : aligner la taxe sur les billets d’avion sur le barème allemand, doubler les taux pour l’aviation d’affaires, exonérer les Outre-mer (1,1 milliard € de recettes), instaurer une TVA à 20% et une taxe kérosène pour les vols domestiques (0,5 milliard €).
Version initiale PLF 2026 : aucune mesure nouvelle identifiée à ce stade. Au contraire, l’article 43 vise à diminuer de 80 millions le fonds d’isolation des logements des riverains affectés par les nuisances sonores aériennes.
Reste à faire : mettre fin aux niches fiscales aériennes et instaurer une fiscalité alignée avec les engagements climatiques de la France.
Contribution des ménages les plus aisés et pollueurs
Notre proposition : composante carbone indexée sur l’empreinte carbone du patrimoine financier, ciblant les ménages les plus riches et les investissements les plus polluants (jusqu’à 7,6 milliards €/an).
Version initiale PLF 2026 : création d’une taxe sur le patrimoine financier des holdings patrimoniales, sans indexation carbone.
Reste à faire : introduire la composante climatique pour relier justice fiscale et transition écologique.
Contribution sur les engrais chimiques
Notre proposition : contribution sur le chiffre d’affaires des metteurs sur le marché d’engrais chimiques, pour financer le développement des engrais organiques.
Version initiale PLF 2026 : aucune disposition sur le sujet.
Reste à faire : instaurer une contribution simple et ciblée pour financer la transition agricole.
Un malus poids réellement efficace
Notre proposition : déclenchement à 1 300 kg, abattement limité pour les véhicules électriques, barème renforcé (1,5 milliard € de recettes supplémentaires, majoritairement issues des constructeurs étrangers).
Version initiale PLF 2026 : Suppression du plafonnement entre malus CO2 et malus poids, anecdotique.
Reste à faire : abaisser le seuil de déclenchement à 1 300 kg et renforcer le barème pour rendre le signal réellement efficace, avec une montée en charge lissée possible. Cela doit aller de pair avec le développement d’une offre de véhicules électriques abordables, plus légers et produits en France.
Écoconditionnalité des aides publiques aux entreprises
Notre proposition : conditionner les aides publiques à des trajectoires climatiques et sociales crédibles.
Version initiale PLF 2026 : aucune mesure nouvelle sur ce point, cette problématique centrale a été citée lors des prises de parole à la suite de la déclaration de politique générale, nous souhaitons que cela se retrouve au centre du débat.
Reste à faire : faire de l’écoconditionnalité une norme budgétaire, non une option.
Financement de la rénovation performante des logements
Notre proposition : renforcer durablement les crédits pour la rénovation globale et performante, moteur d’emplois et de baisse durable des factures.
Version initiale PLF 2026 : recentrage de MaPrimeRénov’ sur les rénovations prioritaires et « par gestes » ciblant la décarbonation.
Mais les crédits du programme 135 baissent de près de 500 millions € en crédits de paiement par rapport à 2025.
Reste à faire : rétablir et pérenniser le financement de la rénovation performante, pilier social et climatique du budget.
Investissements dans les alternatives à la voiture
Notre proposition : prioriser la rénovation du réseau ferroviaire, instaurer un moratoire sur les projets autoroutiers et rétablir l’enveloppe du fonds vélo.
Version initiale PLF 2026 : Les crédits pour commander des nouveaux trains de nuit sont mentionnés, mais insuffisants pour ouvrir de nouvelles lignes malgré la demande.
Reste à faire : sanctuariser les investissements dans le ferroviaire et les mobilités actives, tout en stoppant les projets climaticides.
Le projet de loi de finances 2026 est très en-deçà des besoins. Les baisses d’investissement dans la rénovation, l’absence de fiscalité écologique ambitieuse et l’oubli de l’écoconditionnalité traduisent un manque de cohérence entre objectifs et actions. Assurer la stabilité budgétaire passe par l’accélération de la transition écologique, pas par son report. C’est en finançant dès aujourd’hui une transition juste que la France protégera à la fois son économie et son avenir.
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