Europe

Brexit : quelles conséquences pour la politique climatique en Europe ?

Il est trop tôt pour connaître avec précision les conséquences d’une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sur les mesures politiques climat-énergie. Il y a plus d’inconnues que de certitudes.

Parlement UE

Dans l’immédiat, le vote du « Brexit » n’est pas synonyme de sortie de l’UE. Celle-ci ne deviendra inéluctable que lorsque Londres aura activé la « clause de retrait » prévue par l’article 50 du traité de Lisbonne, ce que les dirigeants britanniques ne semblent guère pressés de faire.

S’il y a une conséquence du Brexit, elle est d’abord d’ordre géopolitique : on ne peut pas lutter contre les changements climatiques, qui sont un problème mondial et collectif, si tous les Etats reviennent à leurs préoccupations nationales de court terme. La logique de coopération est justement celle de la COP21 et de l’accord climat conclu à Paris en décembre 2015. Il faut la préserver et éviter que les pays se regardent uniquement le nombril.

Il ne faut sans doute pas dramatiser l’impact du Brexit sur la lutte contre les changements climatiques pour trois raisons principales :

  1. D’abord parce que le vote sur le “Brexit” doit être l’occasion de repenser l’Europe et de lui donner un projet plus séduisant et plus inspirant pour les peuples qui la composent, en mettant au cœur de ce projet la transformation vers une société plus démocratique, plus transparente, plus juste, moins polluante, plus sobre en énergie et plus écologique.
  2. Ensuite, parce que le Royaume-Uni a sa propre législation nationale sur le climat, qui vise une réduction de ses émissions de gaz à effet de serre de -80% à horizon 2050, et un plan climat pour les dix ans à venir, adaptable tous les 5 ans. La prochaine étape du « plan climat » britannique a d’ailleurs été annoncée la semaine dernière par le gouvernement, malgré le contexte…
  3. Enfin, parce que l’accord sur le climat conclu à la COP21 n’est pas remis en cause par le Brexit. La sortie de la Grande-Bretagne de l’UE pourrait certes retarder la ratification de cet accord par l’Union, c’est-à-dire son adoption par les parlements de tous les pays européens et par le Conseil et le parlement européen. L’accord de la COP21 s’appliquera une fois que 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de gaz à effet de serre l’auront ratifié alors que l’Union européenne représente 12% des émissions mondiales. Dans le contexte actuel, peut-être que les pays européens attendront que le Brexit soit effectif pour ratifier de leur côté et on sait que cela pourrait prendre au moins 2 ans. Le Royaume-Uni devra lui aussi ratifier de son côté, et déposer son propre engagement sur le climat, séparé de l’UE. A ce jour, il participe à l’effort conjoint de l’Europe en matière de lutte contre les changements climatiques.

Cela dit, il y aura très certainement des conséquences sur la dynamique à l’intérieur de l’Union européenne, en matière de politiques énergétiques, climatiques et environnementales.

  • Le partage de l’effort, sur la réduction des gaz à effet de serre est l’un des dossiers législatifs européens importants de l’été, avec une proposition européenne attendue dans les jours qui viennent. La sortie probable du Royaume-Uni de l’Union va probablement perturber le calendrier législatif sur ce dossier.
  • Dans les Etats membres de l’Europe, la majeure partie des mesures climatiques et environnementales provient de règles européennes. C’est aussi le cas du Royaume-Uni. En cas de Brexit, les pouvoirs publics britanniques vont devoir décortiquer chaque loi et décider ce qu’ils gardent ou ce qu’ils abandonnent. Ce faisant, il y a un risque d’affaiblissement des mesures. Sur les énergies renouvelables comme l’éolien, c’est réellement l’Europe qui a forcé le Royaume-Uni à agir. Le développement de ces énergies outre Manche pourrait être remis en cause en cas de Brexit.
  • Cependant, pour réaliser son effort de transition énergétique à moindre coût, le Royaume-Uni a besoin de l’Europe. Quand on agit conjointement, on est plus fort, et l’action est moins coûteuse. Il est donc possible que le Royaume-Uni opte pour un statut semblable à celui de la Norvège, qui agit avec l’Union européenne en matière de climat, et qui a aligné ses normes environnementales sur celles de l’UE. Sauf que la Norvège n’a aucune représentation au Conseil ni au Parlement européen.
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