Après le cri d’alarme de 15000 scientifiques, tour du monde des engagements
L’Accord de Paris signé à l’issue de la COP21 a acté un système dans lequel les pays s’engagent à « apporter à la table des négociations » des contributions nationales, c’est-à-dire des mesures prises dans leur pays, pour participer à l’effort collectif de lutte contre les changements climatiques.
Les émissions mondiales de gaz à effet de serre, issues des énergies fossiles, sont reparties à la hausse en 2017. Ce chiffre très inquiétant a suscité un cri d’alarme inédit de quinze mille scientifiques sur l’état de la planète. Deux ans après la COP21, un tour du monde permet de mieux appréhender les efforts des « grands pollueurs » pour réduire leur impact sur le climat.
L’Union européenne
L’Union européenne, qui se veut pourtant à l’avant garde de la lutte contre le réchauffement climatique, peine à prendre des mesures fortes en faveur du climat. Les négociations en cours sur le paquet « énergie » patinent et risquent d’aboutir à la stagnation de l’ambition européenne sur le climat. Le résultat de la réforme du marché carbone (ETS) en est le symbole : alors que le prix de la tonne de CO2 s’est effondré depuis 2010, les Européens n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur une réforme qui soutient la mise en œuvre du principe pollueur-payeur en Europe et enclenche la sortie des énergies fossiles.
La réévaluation des objectifs climatiques et énergétiques européens est au cœur des discussions en cours entre les Etats membres et le Parlement européen. Cela définira le cadre de la transition en Europe pour les 10 prochaines années.
Les États-Unis
Les Etats-Unis, le 2ème plus gros émetteur mondial de CO2 derrière la Chine, avaient prévu sous Barack Obama de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 26 à 28 % d’ici à 2025 (par rapport aux niveaux des émissions constatées en 2005). Avec l’annonce de Donald Trump du retrait des États-Unis de l’accord de Paris et le « détricotage » de l’héritage de l’administration Obama sur les politiques climatiques nationales qui s’en est suivi, les États-Unis risquent de ne pas atteindre cet objectif. En moins d’un an, Donald Trump a en effet abrogé le Clean Power Plan, baissé drastiquement du budget de l’Environment Protection Agency et confirmé la reprise des projets d’infrastructures climaticides.
En dépit de ces décisions dramatiques, beaucoup d’acteurs continuent à se mobiliser sur le territoire américain :
- L’initiative « We are still in », qui regroupe plus de 2500 acteurs non étatiques (villes, États, universités, entreprises) qui souhaitent « rester dans l’accord de Paris », atteste de l’engagement de nombreux protagonistes américains à continuer la lutte contre le changement climatique.
- L’US Climate Alliance, qui regroupe 14 États et Porto Rico, est en passe d’atteindre ou de dépasser sa part de l’effort de réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Ces acteurs se sont déplacés à Bonn pour la COP23 et représentent aussi la dynamique américaine.
Hier, au milieu d'une présentation d'un panel officiel de l'administration Trump, comprenant des lobbyistes des énergies fossiles, la société civile américaine a fait entendre sa voix.
Publié par Réseau Action Climat sur mardi 14 novembre 2017
La Chine et l’Inde
La Chine et l’Inde ont pris les devants de la transition énergétique.
La Chine est aujourd’hui le leader mondial du développement des énergies renouvelables (en 2016, elle était à l’origine de 40 % de la croissance des énergies renouvelables dans le monde). La consommation de charbon y a diminué entre 2013 et 2016 et de nouveaux projets de centrales à charbon sont abandonnés. La Chine est aussi le pays qui a défendu l’accord de Paris lorsque Donald Trump a annoncé le retrait des États-Unis, en affirmant, via son Premier ministre, que “la Chine maintiendra ses responsabilités concernant le changement climatique”. Elle a enfin pris part à de nombreux sommets multilatéraux dans lesquels le climat était au premier plan. Ce fut le cas lors du sommet EU-Canada-Chine en septembre 2017 et du sommet EU-Chine en juin dernier.
En Inde, un nouveau plan climatique prévoit que les énergies renouvelables dépasseront les autres types d’énergies en 2030. Comme son homologue chinois, le gouvernement indien a renoncé à la construction de nouvelles centrales à charbon. L’Inde est aussi à la tête de l’alliance solaire internationale, lancée lors de la COP21.
Certes, ces pays continuent d’être de grands émetteurs de gaz à effet de serre et les énergies fossiles sont loin d’être éradiquées de leur mix énergétique. Mais la tendance économique, ainsi que les préoccupations de santé publique (notamment les questions de pollution de l’air) poussent ces derniers à prendre des mesures de transition très rapides. Les deux pays sont ainsi en passe de dépasser largement leurs engagements prévus avant la COP21, ce qui pose la question de la révision de leurs promesses à partir de l’année prochaine.
Les pays vulnérables
Le pays les plus vulnérables face aux changements climatiques, notamment les petits États insulaires, sont souvent les plus ambitieux en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Par exemple, les pays du forum des pays vulnérables (https://thecvf.org/) (composé d’une quarantaine de pays– en anglais le Climate Vulnerable Forum) se sont engagés, lors de la COP22 à Marrakech, à relever leur ambition avant 2020 et à atteindre au plus vite 100 % d’énergies renouvelables dans leur mix énergétique.
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