Dieselgate : les associations tirent (encore) la sonnette d’alarme
Trois ans après le scandale du « dieselgate », le Réseau Action Climat fait le bilan des implications et des suites de l’affaire causée par le non-respect des normes antipollution ayant impliqué Volkswagen mais également d’autres constructeurs européens et français.
Chiffres à l’appui, notre publication montre que les dépassements des seuils de pollution et de CO2 sont toujours d’actualité et que des mesures politiques fortes sont toujours attendues pour résorber ce phénomène et protéger le climat, l’environnement et la santé publique.
La pollution de l’air de l’automobile persiste au détriment de la santé de tous
Selon les derniers chiffres publiés par l’ONG Transport & Environment, 43 millions de diesel très polluants, hérités du dieselgate, sont toujours en circulation en Europe, dont plus de huit millions en France, qui se place en tête du classement des pays européens. En effet, les rappels des véhicules « hors normes » ont été dérisoires en France en raison d’un manque de fermeté politique. Rappelons que la seule pollution aux dioxydes d’azote cause 7700 décès prématurés chaque année en France.
- Une large partie du problème réside dans le fait que malgré l’adoption de normes règlementaires plus strictes, celles-ci sont de moins en moins respectées en conditions réelles : les diesels Euro 5 et Euro 6 émettent six fois plus que les seuils plancher autorisés, et un tiers des véhicules essence Euro 6 présente des dépassements en conditions réelles.
- Par ailleurs, les véhicules mis sur le marché après le dieselgate sont aussi concernés. En effet, les nouveaux tests en condition de conduite réelle (RDE) mis en place en 2017 ne permettent pas de faire complètement baisser les niveaux de pollution au seuil visé, comme le montre les tests effectués par T&E sur les NOx et les particules fines sur un modèle diesel et deux essences.
- Les émissions de CO2 ne sont pas en reste : rappelons que l’écart entre les émissions de CO2 en conditions réelles et en laboratoire est de 42%, à l’heure où les constructeurs sont soupçonnés de nouvelles fraudes par la Commission Européenne sur les valeurs déclarées.
Les mesures politiques prioritaires
Trois ans après le scandale et la mise en place d’une commission technique indépendante à laquelle le Réseau Action Climat et France Nature Environnement ont participé, les préconisations des experts n’ont pas été mises en œuvre. Seule une recommandation sur 8 – le rattrapage fiscale entre l’essence et le diesel- a été suivie d’effets.
La commission étant au point mort depuis l’arrivée de l’actuel gouvernement, il n’existe aucune garantie en matière de transparence sur les émissions réelles des véhicules présents dans le parc et sur le marché automobile.
Contrairement à l’Allemagne, la France n’a pas lancé de procédure de rappel des véhicules contraignant les constructeurs automobiles à effectuer des mises à jour pour abaisser leur niveau de pollution, ce qui explique en partie la persistance des niveaux de pollution particulièrement critiques en France et la décision de la Commission européenne de poursuivre la France devant la Cour de justice européenne. Exiger ces rappels et supprimer les primes à la conversion bénéficiant aux véhicules diesel et essence permettra de limiter les dommages causés par le dieselgate.
Les villes les plus polluées n’ont d’autre choix aujourd’hui que d’interdire progressivement les véhicules diesel puis essence pour protéger la santé de tous.
Enfin, alors que sa position est actuellement tirée vers le bas par les constructeurs automobiles, le gouvernement français doit quant à lui, renforcer son niveau d’ambition sur les objectifs d’émissions de CO2 post-2020 et les contrôles pour s’assurer d’une réduction effective des émissions des transports.
Lien vers le rapport de Transport & Environment : https://www.transportenvironment.org/publications/cars-engines-can-they-ever-be-clean
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