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Élections municipales : analyse des programmes à Nice

Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Nice, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale.

Nice

Le Réseau Action Climat publie aujourd’hui une analyse des programmes des quatre principaux candidats à la mairie de Nice, au regard de leurs propositions pour faire face à l’urgence climatique et sociale. Les engagements portés par Patrick Allemand, Christian Estrosi, Jean-Marc Governatori et Philippe Vardon, ont été décryptés au prisme de 10 mesures concrètes à mettre en œuvre au cours du prochain mandat à la mairie niçoise. Résultat : Jean-Marc Governatori se détache, Patrick Allemand, Christian Estrosi peuvent aller plus loin, et Philippe Vardon est à la traine.

Alors que que 85 % des citoyens mettent l’écologie au cœur des élections municipales[1], les candidats à l’élection niçoise doivent s’engager sur des mesures concrètes, à mettre en œuvre durant leur mandat. Les villes françaises sont responsables de 67 % des émissions de gaz à effet de serre nationales[2] et la ville de Nice est particulièrement émettrice de gaz à effet de serre, principalement à cause des transports qui représentent 57 % de ses émissions.

Le Réseau Action Climat propose un décryptage des programmes au prisme de 10 mesures concrètes et ambitieuses pour le climat et analyse si la mesure est soutenue ou non par chacun des quatre candidats..

Le futur maire de Nice devra ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre en mettant en œuvre des mesures ambitieuses en priorité dans le secteur des transports. Il s’agit d’un double enjeu : les candidats doivent à la fois se positionner contre l’agrandissement de l’aéroport de Nice-Côte d’Azur qui est en contradiction avec l’urgence climatique mais aussi s’engager à réduire la place des voitures individuelles en développant les transports en commun et le vélo qui sont à ce jour insuffisants[3].

Notre analyse met en avant un manque d’ambition général dans le secteur prioritaire dans lequel réduire les émissions de gaz à effet de serre : les transports. En effet, aucun des quatre candidats ne se positionne sur la mise en place d’une zone à faibles émissions, mesure nécessaire pour réduire la place des véhicules les plus polluants. Christian Estrosi (LR / LREM) et Jean-Marc Governatori (EELV) proposent des mesures intéressantes notamment pour développer le vélo, tandis que Patrick Allemand (PS) affiche un programme structurant pour les transports en commun financé par la hausse de la taxe pour les hôtels de luxe. Jean-Marc Governatori se démarque aussi par des mesures structurantes. Il est le seul à s’engager à limiter la publicité dans l’espace public et, dans le domaine de la restauration collective, à proposer de développer l’alimentation végétarienne, locale et assortie “d’une clause de bien-être animal”. Outre la question des transports, Patrick Allemand et Christian Estrosi ne portent aucune mesure suffisamment claire et ambitieuse en faveur du climat. Christian Estrosi se positionne par ailleurs en faveur du projet climaticide de l’aéroport de Nice, tandis que Jean Marc Governatori propose à l’inverse de développer un tourisme centré sur le train. Le candidat Philippe Vardon (RN) est à la traine, ne reprenant qu’une seule de nos propositions, tout en proposant de soutenir le parking pour les voitures individuelles, alors qu’il est aujourd’hui nécessaire de diminuer la place de la voiture individuelle en proposant des transports alternatifs.

Ces mesures ne forment qu’un socle minimal d’actions à mettre en œuvre : pour faire face à l’urgence climatique et sociale, les futurs élus devront aller plus loin et adapter leurs politiques aux enjeux locaux. Les citoyens mobilisés partout en France se rendront dans la rue le 14 mars pour la Marche du Climat pour rappeler, à la veille du premier tour, qu’ils exigent des mesures fortes et qu’ils suivront les engagements des candidats, pour qu’au- delà de la parole, la lutte pour le dérèglement climatique se traduise en actes.

Si les candidats souhaitent préciser leurs programmes ou certaines propositions, le Réseau Action Climat publiera une mise à jour de son décryptage le lundi 9 mars.

[1] (novembre 2019, Elabe-Veolia)
[2] https://www.wwf.fr/sites/default/files/doc-2018-07/20180704_Etude-defi-climatique-villes.pdf
[3] https://reseauactionclimat.org/classement-lutte-pollution-air/

Mise à jour du 9 mars 2020

La Liste EELV de Jean-Marc Governatori a précisé plusieurs points de son programme, en s’engageant notamment à mettre en place une zone à faibles émissions. Néanmoins, cette mesure doit encore être précisée pour inclure la sortie du diesel d’ici à 2025 et la sortie de l’essence d’ici à 2030. De plus, les précisions apportées quant aux transports en commun n’incluent pas de tarification solidaire, tandis que l’objectif de rénovation des logements ne précise pas l’objectif nécessaire de rénover 10 % des logements de la vile pendant la mandature.

9-mars-nice

Patrick Allemand – Parti Socialiste

Le programme de Patrick Allemand témoigne d’incohérences et d’insuffisances sur le climat. S’il propose une mesure intéressante pour obliger les nouvelles constructions à prévoir un espace végétalisé ou des panneaux photovoltaïques sur les toits, le programme ne fait aucune mention de la nécessité de développer dans la restauration collective une alimentation moins carnée, locale et biologique. Aucun engagement n’est par ailleurs pris pour réduire la place des véhicules les plus polluants. De nombreuses mesures nécessitent par ailleurs d’être précisées : le programme de développement des énergies renouvelables devrait inclure un soutien effectif aux projets citoyens ; le programme alimentaire territorial devrait préciser le mode de production soutenu afin de valoriser l’agriculture durable ; enfin, la politique de rénovation des logements devrait cibler une rénovation en haute performance énergétique de 10% des logements. .

Christian Estrosi – Les Républicains

Le programme climat de Christian Estrosi manque de précisions et d’ambition. Si certaines propositions vont dans le bon sens telles qu’un plan vélo pertinent (qui couvre à la fois le développement des pistes cyclables, le stationnement et les bornes pour les vélos électriques) ou encore l’instauration d’une alternative végétarienne quotidienne dans la restauration collective, le reste du programme est insuffisant. Notamment, aucun engagement n’est pris pour mettre en place une Zone à Faibles Émissions. Le plan de développement des transports en commun ne propose pas de tarification solidaire et le candidat soutient officiellement l’extension de l’aéroport de Nice, projet dont l’impact sur le climat est négatif. Par ailleurs, le programme ne fait pas mention de la rénovation énergétique des logements et ne précise pas les modalités du “développement des énergies renouvelables”, pas plus qu’il ne précise par ailleurs ce qu’implique de “développer le tri par le geste”.

Jean-Marc Governatori – Europe Ecologie-Les Verts

Jean-Marc Governatori propose des mesures intéressantes, telles que la suspension des contrats  des panneaux numériques publicitaires et le soutien à une politique touristique qui favorise le train au détriment de l’avion. S’il soutient la mise en place d’une restauration collective avec une alternative végétarienne quotidienne et des produits bio locaux, Jean-Marc Governatori devrait développer l’aide à la filière agricole durable : s’il veut soutenir les filières agricoles locales, notamment via une régie municipales, cette aide doit viser en premier lieu l’agriculture durable. De même, s’il indique une volonté de tendre vers l’autonomie énergétique, cette trajectoire doit être précisée avec un objectif de logements rénovés en haute performance énergétique et doit inclure les projets citoyens d’énergie renouvelable. Concernant les transports, le plan vélo couvre à la fois le développement des pistes cyclables, des places de stationnement et des bornes de vélo en libre accès ; mais le candidat ne prend pas d’engagement à mettre en place d’une Zone à Faibles Émissions.

Jean-Marc Governatoria précisé ses engagements ici.

Philippe Vardon – Rassemblement National

Le programme de Philippe Vardon dénote par l’absence de prise en compte de l’urgence climatique. Les grands enjeux pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont en effet pas évoqués au sein du programme : réduction de la place des voitures individuelles,  développement de repas végétariens, bio et locaux dans la restauration collective, structuration de la filière agricole durable, limitation de la place de la publicité, tri à la source des déchets, etc. Si le programme mentionne une volonté de “renforcer le transport collinaire” , proposition qui doit être développée, le candidat se positionne aussi pour le développement des véhicules individuels : ainsi, alors qu’il est urgent de réduire la place de la voiture au profit des mobilités alternatives, Philippe Vardon soutient la mise en place d’un “compte de stationnement gratuit”.

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