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Emmanuel Macron doit soutenir une sortie de crise juste et verte à l’ONU

Alors que la crise a souligné les liens entre destruction de la biodiversité et des écosystèmes, accélération de la crise climatique et fragilisation de nos systèmes sanitaires l’intervention d'E. Macron à l’ONU doit démontrer la volonté de la France de soutenir une soutenir une sortie de crise compatible avec l'Accord de Paris.

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Emmanuel Macron, Président de la République

À l’occasion de la 75ème Assemblée générale des Nations unies, Emmanuel Macron prendra la parole pour s’adresser aux autres chefs d’État et de gouvernement de la planète au cours du débat général. Pour le Réseau Action Climat, cette intervention – à distance – devrait refléter le contexte particulier de crise mondiale du Covid-19 dans lequel elle s’inscrit, et plus que jamais souligner la nécessité d’un multilatéralisme fort pour répondre à cette crise aux multiples facettes.

De nombreuses personnalités ont déjà dessiné les grandes lignes d’une relance prenant en compte les dimensions de justice sociale et climatique. Le Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a lui même défini 6 principes pour reconstruire des sociétés plus durables et résilientes : investir dans les emplois de la transition, ne pas sauver les industries polluantes, mettre un terme aux subventions aux énergies fossiles, mettre le risque climatique au cœur de toutes les décisions politiques et d’investissements, coopérer, ne laisser personne de côté.

Alors que la crise du Covid-19 a souligné les liens entre destruction de la biodiversité et des écosystèmes, accélération de la crise climatique et fragilisation de nos systèmes sanitaires, économiques et sociaux, l’intervention du Président de la République à l’ONU est l’opportunité de démontrer la volonté de la France de soutenir une sortie de crise compatible avec l’Accord de Paris. Ce message est indispensable alors que de nombreux pays, dont ceux du G20, développent actuellement des plans de relance qui pourraient faire la part belle aux énergies fossiles et aux fausses solutions technologiques (comme le nucléaire, l’agriculture de précision etc.).

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Au moins 207 milliards de dollars d’argent public ont été dépensés par les pays du G20 pour soutenir l’industrie des énergies fossiles (pétrole, charbon, gaz) dans le cadre de leur réponse au Covid-19.

Pour soutenir une sortie de crise socialement juste et verte, Emmanuel Macron devra s’engager sur les points suivants :

Soutenir une relance 100 % compatible avec l’Accord de Paris

Le plan de relance français consacre des montants d’investissements substantiels pour la transition écologique. Si cet aspect peut montrer la voie à d’autres pays, il doit être complété sans attendre par un engagement de la France à un respect total du principe « do no harm », pour qu’aucun financement public ne soutienne des activités incompatibles avec l’Accord de Paris, comme dans le secteur des énergies fossiles ou du nucléaire. Cela implique notamment d’inclure dans le plan de relance français des conditionnalités sociales et environnementales strictes à l’octroi des soutiens aux entreprises polluantes.

Soutenir une réhausse de l’objectif climatique de l’Union européenne

Alors que 2020 marque le 5ème anniversaire de l’Accord de Paris, la France doit réitérer son engagement à la mise en œuvre de cet Accord, dont elle a été l’architecte. Ursula von der Leyen, Présidente de la Commission européenne, soutient désormais un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre à hauteur d’au moins -55 % d’émissions pour l’Union d’ici à 2030. La France doit a minima affirmer son soutien à cet objectif. C’est un plancher, car l’UE devrait réduire ses émissions de 65 % d’ici à 2030 pour être compatible avec une trajectoire 1,5°C. Cet objectif devra devenir la boussole des plans de relance européens et nationaux.

Rendre les flux financiers compatibles avec l’Accord de Paris.

Enfin, la question des flux financiers et de la finance climat devrait être un enjeu clé soulevé par le Président, alors que la France s’apprête à accueillir le Sommet Finance en Commun en Novembre prochain. En 2019 à la tribune de l’ONU, le Président jugeait « incohérents et irresponsables » les soutiens financiers des pays développés à de nouvelles installations polluantes à l’étranger. En 2020, il a l’occasion de concrétiser ces paroles en annonçant la fin des aides à l’exportation dans le secteur des énergies fossiles, y compris dans le secteur du pétrole et du gaz « conventionnels ».

De même, l’objectif de financements climat de la France (5 milliards d’euros par an, annoncé par le Président François Hollande en 2015) arrive à échéance en 2020. Pourtant, la crise climatique et celle du covid continuent d’exacerber les besoins de financements des pays en développement pour s’adapter aux impacts et accélérer leur transition énergétique. Dans ce contexte, la France doit mettre la coopération internationale au cœur de son action et annoncer son intention de fixer un nouvel objectif de financements climat pour les 5 ans à venir.

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