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G7 : Réaction des ONG

Les ONG réagissent au G7 qui s'achève.

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Pour Morgane Créach, Directrice du Réseau Action Climat : 

“Hormis l’annonce à l’oral – bienvenue – du doublement de la contribution de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France au Fonds Vert, la déclaration finale du G7 reste entièrement muette sur le climat. Le Président de la République a misé sur des initiatives « vitrines » destinées à pallier l’absence de volonté des pays du G7 de se mettre sur une trajectoire compatible avec l’accord de Paris. Et ce, à seulement quelques semaines du sommet spécial sur le climat à l’ONU du 23 septembre qui vise à renforcer l’ambition de l’ensemble des pays. C’est une occasion manquée pour ces 7 pays dont l’impact sur le climat demeure majeur, d’envoyer le coup d’envoi d’une relève collective de l’ambition climatique.”

Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne politiques climatiques à Greenpeace France : 

“Le climat n’est même pas mentionné dans la déclaration finale des chefs d’Etat : c’est un échec diplomatique. Emmanuel Macron s’est malheureusement borné à agiter des initiatives anecdotiques, comme sur la mode ou le transport maritime. Il aurait fallu obtenir des résultats sur la rehausse des objectifs climatiques à 2030 de ces pays qui comptent à eux seul pour 20% des émissions de CO2, et des engagements clairs sur la sortie des énergies fossiles. Quant à la question amazonienne, la réponse n’est pas à la hauteur. Au-delà des pansements de circonstance, il faut des politiques structurelles : la France doit par exemple limiter ses importations de soja et appliquer des lois contraignantes contre la déforestation importée. La planète brûle et on n’éteindra pas l’incendie avec de la poudre de perlimpinpin.”

Pour Fanny Petitbon, responsable plaidoyer chez CARE France : 

“Si les pays du G7 ont choisi de venir au chevet de l’Amazonie, ils ont oublié que stopper les incendies et planter massivement des arbres ne sera pas la solution miracle pour compenser les 10 milliards de tonnes de CO2 qu’ils relâchent chaque année dans l’atmosphère. Parmi les pays les plus pollueurs de la planète, les pays du G7 ont raté l’opportunité du sommet de Biarritz pour s’engager chacun à augmenter leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre avant 2020. C’est un échec cinglant pour la France, garante de l’accord de Paris. Ce G7 fait aussi l’impasse sur la manière dont ses membres vont stopper toute subvention aux industries fossiles d’ici 2025 qui représentent 100 milliards de dollars par an. Non seulement il est urgent d’y mettre fin mais aussi de taxer l’extraction des énergies fossiles pour dégager des financements conséquents pour aider les populations les plus vulnérables à s’adapter aux impacts du changement climatique, y compris dans les pays du Sud. Celles-ci ont quand même reçu aujourd’hui un signal positif de la part du Royaume-Uni et de la France qui ont annoncé le doublement de leurs contributions initiales au Fonds Vert pour le climat, dans la lignée de l’engagement pris par l’Allemagne à la COP24.”

Pour Samuel Leré, Responsable du Plaidoyer à la Fondation Nicolas Hulot : 

“Si l’annonce d’aider les pays amazoniens à éteindre les feux qui ravagent actuellement l’Amazonie par les pays du G7 est nécessaire, elle est clairement insuffisante car elle ne traite pas le problème à la racine. Les pays qui continuent d’importer les produits qui sont à l’origine de la déforestation doivent prendre des mesures commerciales urgentes et exigeantes. La décision d’Emmanuel Macron de ne pas ratifier l’accord de commerce avec les pays du MERCOSUR doit être complétée par des sanctions commerciales dès maintenant sur les produits agricoles concernés à savoir la viande de bœuf et le soja.”

Pour Cécile Duflot, directrice générale d’Oxfam France : 

“Malgré les nombreux discours sur la lutte contre les inégalités et sur l’urgence d’agir contre le changement climatique, le sommet du G7 n’aura permis que des résultats minimes qui finiront rapidement dans les abîmes de l’Histoire. Emmanuel Macron a échoué à engager ses six partenaires en faveur de véritables actions au profit d’une multitude de déclarations vagues. Seul point positif : les annonces financières du Royaume-Uni et de la France qui reconnaissent ainsi l’importance du Fonds Vert pour le climat ​pour les populations vulnérables dont les besoins pour s’adapter aux conséquences des changements climatiques sont criants. La France doit poursuivre dans cette direction en améliorant la qualité de ses financements climat nationaux – en augmentant notamment la part dédiée à l’adaptation au changement climatique. Enfin, il est urgent que la France mette un terme aux subventions publiques aux énergies fossiles (11 milliards d’euros par an) et s’assure que les institutions publiques françaises cessent de financer ces énergies polluantes qui contribuent à la crise climatique.”

Pour Valentin Brochard, chargé de plaidoyer Souveraineté Alimentaire au CCFD-Terre Solidaire : 

“Nous sommes face à un G7 qui, d’un côté, dénonce des brasiers amazoniens résultant de l’appétit de l’agro-industrie pour des terres agricoles et qui, de l’autre, promulgue des initiatives volontaires mettant les multinationales agro-industrielles sur le devant de la scène. Ce G7 prétend lutter contre les inégalités, mais il n’a pas daigné évoquer les négociations en cours aux Nations unies visant à contraindre les multinationales à respecter les droits humains et l’environnement. Ce sommet, encore plus que les précédents, est l’illustration de l’incapacité de nos dirigeant.e.s à s’attaquer aux causes structurelles des inégalités et à proposer des alternatives crédibles à un modèle économique à bout de souffle.”

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